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Date : 14-12-2025 07:00:34
Il y avait une grand-mère qui avait cinq petits-enfants :
trois petits-fils et deux petites-filles.
Tout le monde l’aimait énormément.
Ils allaient la voir à la campagne, buvaient du lait tout juste tiré, mangeaient ses gâteaux faits maison et passaient des journées simples, mais heureuses.
En grandissant, presque tous sont devenus des adultes bien intégrés, respectés.
Et grand-mère en était fière.
Tous… sauf un.
Il s’appelait Mathieu.
À l’école, ça n’allait pas.
Il fuguait parfois, faisait de mauvais choix, traînait avec les mauvaises personnes.
Il avait même connu la prison.
Dans la famille, on évitait de parler de lui.
Il n’était plus vraiment invité.
Comme s’il n’existait plus.
Les quatre autres, eux, se retrouvaient souvent.
Et autour de la table, ils se disputaient — parfois en riant, parfois sérieusement — sur une chose :
qui était le préféré de grand-mère.
C’était presque devenu un jeu.
Un printemps, le téléphone a sonné.
Les voisins ont annoncé une mauvaise nouvelle :
grand-mère avait fait un AVC.
Il fallait venir vite.
Mais les routes étaient dangereuses, la neige fondait, la boue rendait le trajet risqué.
Alors la famille a décidé d’attendre quelques jours…
le temps que ça se calme.
Mathieu, lui, n’a pas attendu.
Il a vendu sa veste pour acheter un billet de train.
Puis il a pris un bus.
Et il a marché plus de deux heures dans la neige et la boue, sans manteau, pour rejoindre l’hôpital.
Il est arrivé sans fleurs.
Sans cadeau.
Les mains vides.
Mais avec ces mains vides, il a changé ses draps.
Il lui a apporté son pot de chambre.
Il a veillé à ses côtés.
Il dormait chez elle pour revenir chaque jour.
Et, peu à peu…
grand-mère a recommencé à parler.
À sourire.
À aller mieux.
Quand les routes ont enfin été praticables, le reste de la famille est arrivé.
Avec des fleurs, des paniers de fruits, des présents.
Mathieu, lui, était déjà reparti.
Discret.
Comme toujours.
Autour du thé et des gâteaux, la discussion a repris :
qui aimait le plus grand-mère.
Cette fois-là, elle n’a rien dit.
Peu de temps après, elle a modifié son testament.
Et elle a laissé la maison…
à Mathieu.
Parce qu’elle avait compris une chose essentielle :
L’amour ne se mesure pas aux paroles,
mais aux actes.
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