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Date : 01-07-2025 07:15:16
On dit que la solitude est difficile. Difficile ? Non ma chérie. Difficile, c’était la gaine qu’on s’obstinait à porter dans les années 90 pour faire rentrer le ventre — ça, c’était un vrai supplice. La solitude, elle, a un goût raffiné. C’est un luxe discret. C’est marcher à son rythme, parler toute seule sans que personne n’ose lever un sourcil (et même s’ils le font, franchement, je m’en moque), et surtout, dépenser son argent comme bon me semble — sans devoir se justifier auprès de qui que ce soit.
Ce matin, une envie folle de shopping m’a prise. Juste comme ça, sans raison. Parce que je le peux.
Parce que je n’ai plus un homme à la maison pour me dire :
« Encore une paire de chaussures ? »
Ni des enfants pour soupirer :
« Maman… encore un chemisier à fleurs ? »
Oui, encore un. Et fleuri, évidemment. Parce que les fleurs me donnent l’impression d’être vivante.
Comme mon rouge à lèvres écarlate et mes énormes lunettes de soleil — même sans soleil, même sans strass ni paillettes. Le style, c’est moi. Le style ne se transmet pas : il se cultive.
J’ai déambulé dans les allées du centre commercial comme sur un podium. J’ai pris mon temps.
Essayé une dizaine de tenues inutiles, acheté trois. Trois qui m’ont fait sourire devant le miroir.
Qui a décidé qu’à 70 ans on ne portait plus de léopard ? Moi, j’en mets. Et je me sens panthère. Même si mes articulations grincent un peu… Je m’en fiche. Ce que je ne porte plus, en revanche, ce sont les remords et les « qu’en dira-t-on ».
J’aime ma solitude. Je ne rends de comptes à personne. Ni pour traîner en peignoir avec un masque à l’aloe vera, ni pour sortir habillée comme une héroïne de série des années 80.
Et quand les gens me dévisagent ? Je leur rends leur regard, avec ce petit air qui dit :
« Oui, c’est moi. La dame qui s’aime. »
Je ne manque pas d’amour. J’ai le mien.
Je me soigne, je me gâte, je m’offre un café et un petit pain au sucre. Je m’achète un parfum hors de prix même si personne d’autre ne le sent. Parce que je le mérite. Parce que je veux sentir bon, savourer mes journées, rire à gorge déployée.
Et quand la fatigue me rattrape, je mets mes lunettes roses, mon nouveau chemisier, et je sors.
Je sors rappeler au monde qu’une femme seule n’est pas incomplète.
Elle est libre.
À mon âge, il ne s’agit plus de courir après la jeunesse.
Il s’agit d’embrasser pleinement la liberté — avec ses rides, ses souvenirs, son élégance.
Sois heureuse. Sois libre. Sois toi.
Il n’est jamais trop tard pour devenir la femme la plus vraie, la plus vibrante, la plus toi que tu aies jamais été.
✍🏻 Texte inspiré de Milka MagTorre
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